JOUR 17 : RÉFLEXION THÉOLOGIQUE
L’effusion de l’Esprit dans l’expérience du Renouveau charismatique catholique, qui a renouvelé la vie de tant de chrétiens, appelle à poursuivre une réflexion théologique. En vue de quoi Dieu a-t-il donné cette grâce ? S’adresse-t-elle à tous les catholiques ? Comment s’articule-t-elle avec la vie de l’Église, en particulier avec les sacrements de l’initiation ? Quelle place donner à l’expérience dans la vie chrétienne ? Dans cette partie, nous exposerons brièvement la compréhension théologique qui s’est développée dans le Renouveau, puis nous aborderons quelques-unes des questions théologiques les plus courantes soulevées par l’effusion de l’Esprit Saint.
L’ÉVOLUTION DE LA COMPRÉHENSION DE L’EFFUSION DU SAINT-ESPRIT DANS LE RENOUVEAU CHARISMATIQUE CATHOLIQUE
Dès les débuts en 1967, ce qui devint célèbre sous le vocable de Renouveau charismatique catholique se fonda sur un événement, une
expérience appelée baptême dans l’Esprit Saint. Pourquoi cette terminologie ? Les premiers catholiques à recevoir cette grâce avaient été
profondément marqués, dans cette expérience initiale, par le Concile Vatican II qui venait de s’achever et par sa « dimension œcuménique ». Ils ont adopté le terme utilisé par le mouvement pentecôtiste, lui-même tiré de l’Écriture (Cf. deuxième partie, chapitre 2). Cet événement initial était pour eux comme la réponse à la prière de Jean XXIII pour le Concile, qui appelait une « Nouvelle Pentecôte ». Le lien entre le « baptême dans l’Esprit Saint » et l’événement de la Pentecôte, établi aussi bien dans le Nouveau Testament que dans l’expérience contemporaine, semble confirmer la justesse de ce terme.
Les premiers catholiques à avoir fait l’expérience inattendue du baptême dans l’Esprit Saint ont vite compris qu’ils devaient appréhender cette grâce dans le contexte d’un profond renouveau de la vie catholique, qui était le cœur et l’objectif de Vatican II. Forts de cette conviction, ils se sentaient poussés à communiquer cette grâce plus largement dans toute l’Église catholique. Ce qui les différenciait principalement des origines du mouvement charismatique dans les communions protestantes était un sens ecclésial fort. Les catholiques baptisés dans l’Esprit Saint reconnaissaient que cette mouvance devait être accueillie dans l’Église, sous la conduite du pape et des évêques. Ils comprirent très vite que cette effusion de l’Esprit appelait une réflexion théologique rigoureuse, dont un examen du terme « baptême dans l’Esprit » à la lumière de la tradition catholique. Le cardinal belge Léon Joseph Suenens avait particulièrement à cœur de la promouvoir. Il participa à une rencontre de théologiens et de responsables à Grotta ferrata, en Italie, en 1973, et supervisa la rédaction des documents de Malines. Le premier de ces documents, intitulé Orientations théologiques et pastorales sur le Renouveau charismatique catholique examinait ce mouvement naissant à la lumière de la tradition catholique et de la théologie, et apportait un certain nombre de recommandations. Parmi ses auteurs on trouvait des théologiens qui avaient initié l’effort d’articulation d’une authentique théologie catholique du baptême dans l’Esprit Saint. Ce premier document de Malines reconnut que ce qu’on appelait communément « baptême dans l’Esprit Saint » était déjà désigné par d’autres termes. En effet, des appellations alternatives avaient été adoptées en 1972 au moment où le Renouveau charismatique s’étendit au-delà du continent nord-américain à d’autres cultures et d’autres groupes linguistiques. L’une des raisons qui poussait à chercher des locutions équivalentes était le souci d’éviter la confusion entre le baptême dans l’Esprit et le sacrement du Baptême. Ainsi l’expression la plus couramment employée dans les pays francophones fut-elle effusion de l’Esprit et, en italien, effusione dello Spirito. Il en est de même en Espagne (efusión del Espíritu) et au Portugal (efusão no Espirito), bien qu’en Amérique latine les expressions les plus couramment usitées soient bautismo en el Espirítu et batismo no Espírito. En polonais, les deux expressions sont utilisées : wylanie DuchaSwietego (effusion de l’Esprit Saint) et chrzest w Duchu Swietym (baptême dans l’Esprit Saint), de même qu’en allemand : Geisttaufe (baptême dans l’Esprit Saint) et Erneuerung im Heiligen Geist (renouveau dans l’Esprit Saint). Dans certaines régions du monde, d’autres termes tels que « Nouvelle Pentecôte » ou « Pentecôte personnelle » sont populaires. Par contraste, le monde anglo-saxon a presque universellement retenu la locution baptême dans l’Esprit. Là où on utilise une imagerie et un langage clairement baptismaux, une explication de leur relation au baptême sacramentel s’impose (Cf. IIIe partie, chapitre 5 paragraphe 1). L’avantage du terme « effusion de l’Esprit Saint » est qu’il évite que l’on suggère qu’il y a deux baptêmes, un dans l’eau et un dans l’Esprit, ce qui aurait pour effet de dévaluer le sacrement du Baptême. Soulignons cependant que la langue anglaise ne comporte pas de réel équivalent au mot « effusion ». D’autre part, l’expression « baptême dans l’Esprit » a l’avantage de préserver les termes employés par Jean-Baptiste et Jésus lorsqu’ils parlent de l’accomplissement de l’œuvre de rédemption opérée par le Saint-Esprit, en lien direct avec l’événement de la Pentecôte. En outre, cette locution exprime la particularité de ce qui est vécu dans le Renouveau, alors que le mot « effusion » s’applique plus largement à toute action de l’Esprit Saint dans la vie chrétienne.
Alors que « baptême dans l’Esprit Saint » exprime une affinité avec ce qui se vit plus largement dans les mouvements pentecôtistes et
charismatiques utilisant couramment cette expression, les catholiques doivent éviter d’expliquer ce terme par l’existence de « deux baptêmes ». L’usage d’une terminologie baptismale doit également susciter une plus grande attention pastorale lorsqu’on se trouve en présence de groupes pentecôtistes ou charismatiques qui vivent certains excès discutables.
Chaque tradition terminologique a sa propre légitimité et ses propres limites, en fonction de la diversité des contextes culturels et ecclésiaux. Le fait qu’une variété de termes perdure indique la richesse de la réalité qu’ils désignent, qui ne peut s’exprimer dans sa totalité en une expression unique.

Les premiers catholiques à avoir fait l’expérience inattendue du baptême dans l’Esprit Saint ont vite compris qu’ils devaient appréhender cette grâce dans le contexte d’un profond renouveau de la vie catholique, qui était le cœur et l’objectif de Vatican II.
Alors que « baptême dans l’Esprit Saint » exprime une affinité avec ce qui se vit plus largement dans les mouvements pentecôtistes et
charismatiques utilisant couramment cette expression, les catholiques doivent éviter d’expliquer ce terme par l’existence de « deux baptêmes »
Ils comprirent très vite que cette effusion de l’Esprit appelait une réflexion théologique rigoureuse, dont un examen du terme « baptême dans l’Esprit » à la lumière de la tradition catholique.
L’avantage du terme « effusion de l’Esprit Saint » est qu’il évite que l’on suggère qu’il y a deux baptêmes, un dans l’eau et un dans l’Esprit, ce qui aurait pour effet de dévaluer le sacrement du Baptême
Les catholiques baptisés dans l’Esprit Saint reconnaissaient que cette mouvance devait être accueillie dans l’Église, sous la conduite du pape et des évêques. Ils comprirent très vite que cette effusion de l’Esprit appelait une réflexion théologique rigoureuse, dont un examen du terme « baptême dans l’Esprit » à la lumière de la tradition catholique.
L’avantage du terme « effusion de l’Esprit Saint » est qu’il évite que l’on suggère qu’il y a deux baptêmes, un dans l’eau et un dans l’Esprit, ce qui aurait pour effet de dévaluer le sacrement du Baptême.
L’avantage du terme « effusion de l’Esprit Saint » est qu’il évite que l’on suggère qu’il y a deux baptêmes, un dans l’eau et un dans l’Esprit, ce qui aurait pour effet de dévaluer le sacrement du Baptême. S
Les premiers catholiques à avoir fait l’expérience inattendue du baptême dans l’Esprit Saint ont vite compris qu’ils devaient appréhender cette grâce dans le contexte d’un profond renouveau de la vie catholique, qui était le cœur et l’objectif de Vatican II.