JOUR 1 : INTRODUCTION
Le dimanche de Pentecôte 2008, le Pape Benoît XVI prononçait ces paroles remarquables : « Aujourd’hui, je voudrais étendre cette invitation à tous : chers frères et sœurs, redécouvrons la beauté d’être baptisés dans l’Esprit Saint ; reprenons conscience de notre baptême et de notre confirmation, sources de grâce toujours actuelle. Demandons à la Vierge Marie d’obtenir aujourd’hui aussi pour l’Église une Pentecôte renouvelée, qui insuffle en chacun, spécialement les jeunes, la joie de vivre l’Évangile et d’en témoigner. »
Dans cette même allocution, le Pape soulignait que le livre des Actes des Apôtres présente la descente de l’Esprit Saint à la Pentecôte comme « le couronnement de toute la mission de Jésus » et l’accomplissement de la prophétie de saint Jean Baptiste : « Celui qui vient derrière moi… lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » (Mt 3, 11)
« En effet, toute la mission de Jésus avait pour objectif de donner l’Esprit de Dieu aux hommes et de les baptiser dans son « bain » de régénération. Cela s’est réalisé par sa glorification (cf. Jn 7, 39), c’est-à-dire à travers sa mort et sa Résurrection : l’Esprit de Dieu a alors été répandu en surabondance, comme une cascade capable de purifier tous les cœurs, d’éteindre l’incendie du mal et d’allumer dans le monde le feu de l’amour divin. »
Par ces propos, le Pape donne à l’Église une compréhension entièrement biblique et christocentrique de l’Effusion de l’Esprit Saint. Ce sera là notre point d’ancrage pour comprendre la grâce de l’effusion du Saint-Esprit telle qu’elle a été vécue dans le Renouveau charismatique catholique. Le Renouveau charismatique a débuté dans l’Église catholique peu après le Concile Vatican II. On a coutume de considérer que son origine remonte à un week-end de retraite auquel participèrent plusieurs professeurs et étudiants de l’université de Duquesne à Pittsburgh en Pennsylvanie, aux États-Unis, en février 1967. Au cours de cette retraite, les étudiants chantèrent l’hymne ancienne Veni Creator Spiritus et prièrent avec ferveur pour que Dieu approfondît en eux la grâce de leur Baptême et de leur Confirmation. Beaucoup des étudiants présents firent l’expérience d’une effusion puissante de l’Esprit Saint, accompagnée des dons des langues, de prophétie, ainsi que d’autres charismes. Cette « expérience de Pentecôte »
s’est rapidement étendue à d’autres campus universitaires avant de se répandre dans le monde entier, de telle sorte qu’aujourd’hui, le Renouveau charismatique catholique est présent dans plus de deux cent trente-huit pays et a touché plus de cent vingt millions de catholiques.
L’événement de Duquesne s’est produit sous l’influence de ce qu’avaient vécu d’autres chrétiens ayant eux aussi reçu l’effusion de l’Esprit Saint, ainsi que de l’élan de renouveau insufflé par Vatican II. En effet, l’effusion de l’Esprit Saint était déjà une réalité depuis soixante ans au sein du mouvement pentecôtiste, et depuis sept à dix ans dans les confessions protestantes traditionnelles. Les professeurs présents au week-end de Duquesne avaient déjà reçu l’effusion de l’Esprit Saint au sein d’un petit groupe de prière charismatique composé de chrétiens de différentes dénominations. Quant aux étudiants, ils s’étaient préparés à cette retraite par la lecture des Actes des Apôtres et d’un livre écrit par le prédicateur pentecôtiste David Wilkerson : « La Croix et le poignard. »
Rétrospectivement, on peut voir comment la Providence de Dieu fut mystérieusement à l’œuvre à travers les événements de l’Histoire pour
préparer cette nouvelle effusion de l’Esprit Saint au vingtième siècle. En 1897, sous l’impulsion de sœur Elena Guerra (depuis déclarée bienheureuse), fondatrice des sœurs Oblates du Saint-Esprit, le pape Léon XIII écrivait l’encyclique Divinum Illud Munus, par laquelle il appelait l’Église à renouveler sa dévotion à l’Esprit Saint. Il demandait également aux catholiques de prier chaque année, entre l’Ascension et la Pentecôte, une neuvaine à l’Esprit Saint, avec comme intention particulière l’unité de l’Église. Toujours sous l’impulsion de sœur Elena, le 1er janvier 1901, le Pape invoqua l’Esprit Saint sur le vingtième siècle en chantant, au nom de toute l’Église, l’hymne ancienne Veni Creator Spiritus. Le jour même, à l’autre bout du monde, se vivait une effusion du Saint-Esprit qui est aujourd’hui communément reconnue comme marquant le début du Pentecôtisme. C’était à l’École biblique de Bethel à Topeka, dans l’État du Kansas aux États-Unis. De là commencèrent en 1906 les rassemblements du Réveil d’Azusa Street à Los Angeles, conduits par William J. Seymour, qui, en l’espace de deux ans, propulsèrent l’extension du mouvement pentecôtiste à travers tous les continents. On estime aujourd’hui à plus de cinq cents millions le nombre de chrétiens dans le monde ayant vécu une effusion de l’Esprit Saint.
Le Concile Vatican II (1962-1965) avait posé les bases doctrinales qui préparèrent de façon plus immédiate l’avènement du Renouveau
charismatique catholique. La constitution Lumen Gentium, en particulier, reconnaissait que les charismes continuaient à jouer un rôle dans la vie de l’Église et appelait à les accueillir avec discernement. Autres éléments significatifs du Concile : l’enseignement de Lumen Gentium sur le rôle des laïcs dans l’Église, l’invitation de Dei Verbum à rendre l’Écriture sainte accessible à tous les fidèles, et le Décret sur l’œcuménisme qui reconnaissait la présence et l’action de l’Esprit Saint dans les autres confessions chrétiennes. Le début et la croissance du Renouveau charismatique catholique surviennent à une époque de l’Histoire où l’Église doit faire face à des défis sans précédent en raison d’une sécularisation rapide. Comme l’a souligné le bien-heureux pape Jean-Paul II :
« On doit considérer comme désormais dépassée, même dans les pays d’ancienne évangélisation, la situation d’une « société chrétienne » qui, en dépit des nombreuses faiblesses dont l’humain est toujours marqué, se référait explicitement aux valeurs évangéliques. »
Le pape Benoît XVI, quant à lui, donne cet avertissement :
« À notre époque […] dans de vastes régions de la terre, la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter […] Le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que, tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »
L’absence de Dieu dans la société contemporaine fait place à un profond vide intérieur, que les hommes essaient de combler par toutes sortes de contrefaçons spirituelles. On assiste à l’émergence de plus en plus forte d’une culture du narcissisme, dans laquelle les valeurs prépondérantes sont l’accomplissement personnel, l’apparence physique, la recherche du plaisir et l’accumulation des richesses. Ces valeurs produisent en retour l’éclatement de la famille et les attaques contre la dignité humaine, que Jean-Paul II appelle la « culture de mort ». Dans un tel contexte, la nécessité pour les hommes de rencontrer le Dieu vivant est d’autant plus impérieuse. L’effusion du Saint-Esprit a permis à beaucoup de découvrir en Dieu un Père aimant qui agit de façon tangible dans leurs vies : il parle, guide, protège, guérit et donne la vie en plénitude à ses enfants. Cette découverte suscite une espérance inébranlable pour chaque personne et pour l’Église, face au découragement ambiant. L’action souveraine de Dieu à notre époque a renouvelé l’attente du Retour du Christ et de l’avènement de son Règne. En tout cela et en d’autres aspects, l’effusion de l’Esprit Saint répond aux besoins les plus profonds de l’Église aujourd’hui et la prépare à l’avenir.
Ce document se donne un double objectif : offrir des éléments de réflexion théologique sur le sens de l’effusion de l’Esprit Saint, et proposer des repères pastoraux en vue de la réception et du vécu de cette grâce par les fidèles, pris individuellement et en groupe. L’essentiel de cet ouvrage peut s’appliquer à toute l’Église, dans la mesure où l’effusion de l’Esprit Saint est une grâce destinée à tout le Corps du Christ et non au seul Renouveau charismatique. Cependant, il s’adresse en premier lieu aux responsables du Renouveau puisqu’il a été élaboré en réponse à des questions suscitées par différentes situations pastorales à travers le monde.
Comme l’effusion de l’Esprit Saint est une grâce qui renouvelle toute la vie chrétienne, elle concerne à peu près tous les aspects de la spiritualité catholique et des pratiques pastorales. Cet ouvrage se limitera cependant à ce qui touche directement à l’expérience du Renouveau charismatique à travers le monde et au renouveau d’une « spiritualité de Pentecôte » dans l’Église aujourd’hui. La démarche adoptée suit celle du précédent document de l’ICCRS, Prier pour obtenir la guérison, réflexions doctrinales et indications pratiques . La première partie est consacrée à la description de l’effusion de l’Esprit Saint, de ses caractéristiques et des grâces qui l’accompagnent ; la deuxième partie en présente les fondements bibliques et patristiques ; la troisième partie propose une réflexion théologique ; pour finir, la quatrième partie répond à des questions pastorales soulevées par l’expérience et la prédication de cette œuvre de l’Esprit Saint.

Le pape Benoît XVI, quant à lui, donne cet avertissement :
« À notre époque […] dans de vastes régions de la terre, la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter […] Le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que, tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »
L’effusion du Saint-Esprit a permis à beaucoup de découvrir en Dieu un Père aimant qui agit de façon tangible dans leurs vies : il parle, guide, protège, guérit et donne la vie en plénitude à ses enfants. Cette découverte suscite une espérance inébranlable pour chaque personne et pour l’Église, face au découragement ambiant.
l’effusion de l’Esprit Saint est une grâce qui renouvelle toute la vie chrétienne, elle concerne à peu près tous les aspects de la spiritualité catholique et des pratiques pastorales.
…l’Esprit de Dieu a alors été répandu en surabondance, comme une cascade capable de purifier tous les cœurs, d’éteindre l’incendie du mal et d’allumer dans le monde le feu de l’amour divin. »
L’effusion du Saint-Esprit a permis à beaucoup de découvrir en Dieu un Père aimant qui agit de façon tangible dans leurs vies : il parle, guide, protège, guérit et donne la vie en plénitude à ses enfants. Cette découverte suscite une espérance inébranlable pour chaque personne et pour l’Église, face au découragement ambiant.
[…] Le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que, tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »
L’essentiel de cet ouvrage peut s’appliquer à toute l’Église, dans la mesure où l’effusion de l’Esprit Saint est une grâce destinée à tout le Corps du Christ et non au seul Renouveau charismatique.
L’effusion du Saint-Esprit a permis à beaucoup de découvrir en Dieu un Père aimant qui agit de façon tangible dans leurs vies : il parle, guide, protège, guérit et donne la vie en plénitude à ses enfants.
Comme l’effusion de l’Esprit Saint est une grâce qui renouvelle toute la vie chrétienne, elle concerne à peu près tous les aspects de la spiritualité catholique et des pratiques pastorales.
Comme l’effusion de l’Esprit Saint est une grâce qui renouvelle toute la vie chrétienne, elle concerne à peu près tous les aspects de la spiritualité catholique et des pratiques pastorales
L’absence de Dieu dans la société contemporaine fait place à un profond vide intérieur, que les hommes essaient de combler par toutes sortes de contrefaçons spirituelles. On assiste à l’émergence de plus en plus forte d’une culture du narcissisme, dans laquelle les valeurs prépondérantes sont l’accomplissement personnel, l’apparence physique, la recherche du plaisir et l’accumulation des richesses.
Pape Jean Paul II
« On doit considérer comme désormais dépassée, même dans les pays d’ancienne évangélisation, la situation d’une « société chrétienne » qui, en dépit des nombreuses faiblesses dont l’humain est toujours marqué, se référait explicitement aux valeurs évangéliques. »
L’effusion du Saint-Esprit a permis à beaucoup de découvrir en Dieu un Père aimant qui agit de façon tangible dans leurs vies : il parle, guide, protège, guérit et donne la vie en plénitude à ses enfants. Cette découverte suscite une espérance inébranlable pour chaque personne et pour l’Église, face au découragement ambiant.
L’absence de Dieu dans la société contemporaine fait place à un profond vide intérieur, que les hommes essaient de combler par toutes sortes de contrefaçons spirituelles. On assiste à l’émergence de plus en plus forte d’une culture du narcissisme, dans laquelle les valeurs prépondérantes sont l’accomplissement personnel, l’apparence physique, la recherche du plaisir et l’accumulation des richesses. Ces valeurs produisent en retour l’éclatement de la famille et les attaques contre la dignité humaine, que Jean-Paul II appelle la « culture de mort ». Dans un tel contexte, la nécessité pour les hommes de rencontrer le Dieu vivant est d’autant plus impérieuse.